L’île – Robert Merle⎥ Note: 20/20

Publié par Pauline-Gaïa Laburte sur 22 Mai 2013, 10:18am

Inspirée par la révolte de l’équipage du Bounty, qui eut lieu en 1789, L’île narre l’histoire du Blossom, un navire anglais dont les marins, poussés à bout par leur capitaine, l’assassinent sauvagement. Accusés de mutinerie, ils décident de se réfugier sur une île non répertoriée sur les cartes, afin d’échapper au châtiment qui les attendraient certainement s’ils rentraient dans leur pays. Sur la route, ils font escale à Tahiti et prennent à bord six Tahitiens et douze Tahitiennes. Comment la cohabitation sur l’île va-t-elle se passer ?

L’île reprend l’un des thèmes de prédilection de Robert Merle : l’observation de la création d’une nouvelle société et son évolution, une idée qu’il reprendra dix ans plus tard dans Malevil, l’histoire d’une communauté de survivants d’une catastrophe nucléaire, retranchée dans un château coupé du monde.

Le point de vue est celui de Purcell, l’un des membres de l’équipage du Blossom, un personnage humaniste qui essaye désespérément de s’opposer aux décisions tyranniques qui sont prises sur l’île par les britanniques ; ainsi, les Tahitiens n’ont pas le droit au vote, et se voient exclus de la répartition des femmes (sic) et des terres. Les tensions montent, l’incompréhension entre les deux cultures s’aggrave, ce petit Paradis sur terre devient un véritable Enfer. C’est un enchaînement fatal quasi mécanique, un évènement en entraîne inexorablement un autre, cequi nous fait nous demander : les choses auraient-elles pu se dérouler différemment ?

Au-delà de l’écriture et de l’histoire, L’île est donc une vraie réflexion sur la société et les fondements de la démocratie. Robert Merle nous amène à réfléchir aux questions de respect de l’autre, au racisme et à son discours bien-pensant, mais aussi aux limites de la neutralité et du pacifisme – faut-il refuser d’éliminer un homme alors que sa mort pourrait sauver toute une communauté ? Le récit de Robert Merle est plein d’intelligence, de finesse d’esprit et s’accompagne d’un véritable talent de conteur. Des ingrédients propres à faire de L’île un pilier de la littérature française.

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