Tiens, un Goncourt! Et pas n'importe lequel, celui du Premier Roman. Si on ne sait pas toujours à quel saint se vouer - Sainte Thérèse Jornet e Ibars, patronne des vieillards et des maisons de retraite? - avec les livres plébiscités par cette assemblée de (vieux) sages, Ce qu'il advint du sauvage blanc est une véritable pépite.
L'auteur, François Garde, s'inspire d'une histoire vraie; celle de Narcisse Pelletier, abandonné sur la côte nord-est de l'Australie par son équipage. Il y vivra dix-sept ans parmi les "sauvages" avant d'être ramené à la civilisation. Fait réel, certes, mais l'écrivain a eu l'intelligence et le talent de développer le côté fictif de l'histoire: la vie de Narcisse parmi les aborigènes, la psychologie des personnages, la tension palpable entre deux cultures qui échouent à se comprendre. L'écriture est fluide et travaillée. Les deux récits, celui de la vie de Narcisse après son abandon, et celui d'Octave de Vallombrun, gentilhomme de la Société de géographie chargé de la ramener à bon port (dans tous les sens du terme), donnent une vraie profondeur à l'histoire.
Roman d'aventure, traité d'anthropologie, merveilleux texte sur l'identité, la différence, l'apprentissage, l'acceptation de l'autre. Bref, un vrai Goncourt comme on les aime.