Frédéric Verger vient de remporter le Goncourt du Premier roman pour Arden. L’histoire se déroule en Marsovie, grand-duché fictif d’Europe centrale, inventé par le compositeur hongrois Franz Lehart, petit chéri d'Hitler et Goebbels. Il faut commencer par emprunter un sentier qui sinue au milieu des chênes, des hêtres et des sapins argentés, dans un décor carpatien de conte de fées, pour arriver jusqu’à Arden, un ancien sanatorium reconvertit en hôtel de luxe tendance Art déco. Le propriétaire, Alexandre de La Roucoule, amateur de Strauss, dandy toujours tiré à quatre épingles – frac et gilet rayé – et son complice Salomon Lengyel, tailleur juif morose, se piquent de composer des opérettes sans pouvoir en achever aucune, faute de s’entendre sur le dernier acte.
Des personnages baroques haut en couleur que les ambitions nazies vont venir bousculer. Pour échapper aux pogroms, Salomon et sa fille Esther se réfugient à l’hôtel, rejoints par un orchestre juif qui avait pris le maquis dans la forêt. Et si le seul moyen de sauver leur peau était de composer un dernier opéra, l’œuvre de leur vie, qui les révèlera au monde ?
Une fois dépassées les descriptions touffues que l’auteur affectionne, Arden nous offre une écriture pure, plein de fantaisie et d’humour, qui n’a pas peur de l’absurde et du cocasse. Arden avait déjà été finaliste du Goncourt en novembre, battu de deux voix pas Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre. Après avoir été sélectionné pour le Renaudot, le Médicis, le Décembre et le prix Giono, Frédéric Verger a remporté le prix Thyde Monnier et le prix mémoire Albert-Cohen.
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