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Critiques de livres

Critiques de livres

Par Pauline-Gaïa Laburte


Babbitt – Sinclair Lewis ⎥ Note: 17/20

Publié par Pauline-Gaïa Laburte sur 10 Octobre 2013, 16:24pm

Catégories : #roman etranger, #prix litteraires

Babbitt – Sinclair Lewis ⎥ Note: 17/20

Alors que le Nobel de Littérature vient tout juste d’être attribué à Alice Munro, replongeons-nous dans les petits papiers du prix pour en extraire le premier romancier américain couronné, Sinclair Lewis, en 1930. Lewis, aux Etats-Unis, est lié pour toujours à Babbitt, publié en 1922. Car Babbit est l’un de ces personnages de la littérature – comme Gavroche, Harpagon, Don Juan ou Tartuffe – dont le patronyme est devenu un nom propre. Outre-Atlantique, un babbitt désigne le Yankee moyen, étroit d’esprit, bouffi de son importante, plus besogneux que businessman, honnête quand ça l’arrange, attaché à son train de vie et à tout ce que peut lui offrir le monde moderne : allume-cigare chromé, baignoire tout confort et frigidaire ronflant.

Mais Babbit, en 1922, était encore un nom propre ; celui de George F. Babbitt, un homme qui a apparemment réussi dans la vie : belle maison dans un quartier comme il faut, une femme, trois enfants, un métier – agent immobilier – qui rapporte, et ses entrées à l’Athletic Club. Avec une verve réjouissante, Sinclair Lewis peint la société américaine dans ce qu'elle a de significatif : culte du travail et du dynamisme, matérialisme des plus puérils, vulgarité désarmante de triomphalisme, camaraderie hystérique et bruyante, gigantisme général, standardisation des choses et des êtres. Mais, si ce sur le papier, la vie de Babbit semble bien remplie, son rêve américain ne va pas tarder à s’écrouler.

Dans un moment de lucidité, Babbitt prend conscience de la futilité et de la vacuité de son quotidien. Il étouffe, panique, se sent piégé, a des envies de rébellion. Sinclair Lewis nous nous décrit le craquèlement d'un homme qui se met à douter de la vie qu’il mène et de ses valeurs, mais peine à se libérer des conventions étouffantes d’une société où conformisme et loyauté à sa classe sont les maîtres mots. Un Emma Bovary à l’américaine en quelque sort, enchaîné par le taylorisme et par la ville avec « ses tours austères d’acier, de ciment et de pierre, hardies comme des rocs et délicates comme des baguettes d’argent ». Avec le personnage à la fois tragique et moqué de Babbit, Lewis, en digne représentant de l’école réaliste américaine, nous offre une description quasi clinique des nantis bourgeois et citadins d'avant le grand Krach de 1929.

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