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Critiques de livres

Critiques de livres

Par Pauline-Gaïa Laburte


Sanctuaire – William Faulkner⎥ Note: 16/20

Publié par Pauline-Gaïa Laburte sur 20 Janvier 2014, 19:05pm

Catégories : #roman etranger

Sanctuaire – William Faulkner⎥ Note: 16/20

A propos de Sanctuaire, William Faulkner a dit « J’ai songé à ce que je pouvais imaginer de plus horrible et je l’ai mis sur papier. Je l’ai envoyé à l’éditeur et il m’a répondu : Bonté divine ! si j’imprime ça, nous irons tous les deux en prison ». Pour écrire son roman, le septième, l’auteur s’est inspiré d'un fait divers, survenu dans un night-club de la Nouvelle-Orléans et rapporté par la presse : le viol d'une jeune fille avec un "objet bizarre". Le ton est donné.

Nous sommes dans le Mississipi de la prohibition et de la ségrégation, dans ce vieux Sud que l’auteur affectionne tant. Temple Drake, la fille délurée du juge local, fait une virée en voiture avec Gowan Stevens, un loser qui cache une ivrognerie crasse derrière son image lisse de gentleman de Virginie. Leur escapade va les mener dans une ferme reculée, où Lee Goodwin, un ancien repris de justice Noir à la solde des gangs de Memphis, y trafique de l’alcool clandestin. Ce jour-là sont aussi présents Popeye, Tommy et Van, trois pauvres types, aussi violents que crétins. La situation dégénère : la jeune femme est violée à l’aide d’un épi de maïs, l’un des protagoniste est tué. Goodwin fait figure de coupable parfait aux yeux de la police.

Comme le dira André Malraux, Sanctuaire est un roman d’atmosphère policière sans policiers, le véritable coupable étant connu d’emblée par le lecteur. Il n’en reste pas moins que Faulkner met en place un climat de bassesse et de violence sourde et continue, qui explose par moments, dans le viol d’une jeune fille, le meurtre d’un homme, le lynchage d’un innocent. L’auteur nous offre une œuvre uppercut, sombre, parsemée d’ellipses, de silences, d’actes commencés et brusquement interrompus. Une écriture grandiose qui fait de Faulkner le précurseur du hard-boiled novel, auquel Hammett, Raymond Chandler et James Cain donneront ses lettres de noblesse. Aucun personnage n’est épargné par le vice et Faulkner tue dans l’œuf la moindre échappatoire, la moindre lueur d’espoir, pour peindre un monde chu dans le péché, que rien ne semble devoir racheter

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